L’historienne franco-albertaine chevronnée et membre de la Société historique francophone de l’Alberta, madame Juliette Champagne, PhD, est la deuxième récipiendaire du Heritage Writers’ Reserve Award du Edmonton Heritage Council. Ce prix est conféré pour avancer la publication et la distribution de son manuscrit sur la vie du père Hippolyte Beillevaire.
Hippolyte Beillevaire (1848-1937) a été recruté en 1879 par Mgr Vital Grandin pour ses missions dans le Nord-Ouest canadien à partir de sa paroisse du diocèse de Nantes, en France, où il était un vicaire bien établi. Les lettres de ce prêtre plus âgé constituent une source encore inexploitée de vues très détaillées sur la vie des peuples autochtones, des Métis et des colons dans le territoire qui est devenu l’Alberta. Au cours des 57 années qu’il a passées ici, plus de 200 lettres sont maintenant conservées dans le Fonds oblat des Archives provinciales de l’Alberta. Principalement écrites à sa famille, elles ont été partagées avec des amis et des mécènes ; une soixantaine des lettres ont également été publiées dans des périodiques liés à l’Église en France, dont certaines ne figurent pas dans la correspondance familiale. Ces lettres constituaient une importante source de revenus pour lui; c’est donc par le biais de généreux donateurs qu’il obtenait l’aide financière et matérielle dont il avait tant besoin. Envoyé à Maskwacis en 1881 pour développer une mission et se trouvant sans moyens pour le faire, il fut accueilli par un groupe de Métis installés le long de rivière la Bataille. Connu d’abord sous le nom de Salois Crossing, puis de Laboucane Settlement, l’endroit a finalement été appelé St-Charles-de-Duhamel, pour la petite église que le père Beillevaire a établie et qui est maintenant un site historique provincial.
Les lettres recueillies commencent en 1879 par les adieux à sa mère et racontent les préparatifs de son départ. Il poursuit avec la traversée de l’Atlantique, le voyage en chemin de fer de New York à Saint-Boniface et la longue excursion avec la caravane de charrettes menée par les Métis sur le Carlton Trail jusqu’à St. Alberta cet été-là. Principalement adressées à son frère, ses lettres témoignent, au fil des ans, de la dureté de la vie des Autochtones après la disparition du bison, et révèlent de nombreux aspects fascinants de leur culture et de leur mode de vie. Il a appris à bien connaître leurs chefs : les chefs Ermineskin et Bobtail, Papaschase, le vieux chef de guerre Ka-Atchimout et d’autres, et il écrit à leur sujet. Il parle de ses voyages à St-Albert, au lac Sainte-Anne, à Fort Edmonton, dans les collines du Castor, le développement de Camrose, les difficultés des colons et comment il a aidé tous ceux qu’il a pu. Il partage ses trois voyages aller-retour en France et ailleurs. Il y a des lettres jusqu’à sa mort en 1937, qu’elle a traduites en anglais.
Le manuscrit comprend une introduction détaillée d’informations biographiques et contextuelles sur la vie et la carrière de Beillevaire. Elle a regroupé les chapitres en sections couvrant des périodes chronologiques, avec du texte annoté fournissant des informations contextuelles si nécessaire. Comme cette collection consiste en une sélection de lettres, et non de l’ensemble de la correspondance, il faudra sélectionner les passages les plus pertinents, car certains se répètent. Le manuscrit achevé risque de dépasser 600 pages.