L’Union : 1917-1929

…la description

Un nouveau journal, L’Union, devient la voix de la population canadienne-française de l’Alberta en 1917. Le journal appartient à P. Féguenne et a pour devise « Bien faire et laisser dire ». Le journal est d’abord publié deux fois par mois et toutes les semaines à compter de novembre 1917. En 1920, L’Union est tiré à 3 500 exemplaires et atteint 4 800 exemplaires en 1921.

Le premier éditeur est Féguenne lui-même (du 14 novembre 1917 au 9 janvier 1919). Par la suite, il y a J. LeCerf (du 16 janvier 1919 au 26 juin 1919) et Mme Anna Sindeff qui est remplacée par François-Xavier Boileau. Ce dernier est remplacé à son tour en 1924 par Georges Bugnet. Bugnet démissionne au mois de mai 1928. Rodolphe Laplante aussi devenu secrétaire-général de l’ACFA lui succède.

L’Union devient alors un des 10 meilleurs journaux indépendants du Canada français selon Le Devoir et un vaillant champion des droits des francophones en Alberta. C’est son but.

« Dans notre pensée, L’Union doit être l’organe destinée à rallier toutes les bonnes volontés, à grouper tous ceux qui ont l’unique souci d’affirmer hautement les droits de la langue française…nous avons résolu de conserver une indépendance politique complète, nous réservant, le cas échéant, de soutenir, dans les luttes d’idées, les individus ou les partis sympathiques aux aspirations de notre nationalité. » (L’Union, le 15 novembre 1917, p. l dans TROTTIER, Alice, A., MUNRO, Jk., ALLAIRE G., Aspects du passé franco-albertain : témoignages et études, Salon d’histoire de la francophonie albertaine, Edmonton; 1980)
Dans son effort pour unir toutes les forces françaises, Bugnet fait savoir au propriétaire de L’Union qu’il ne prendrait ses ordres de personne quant au contenu des éditoriaux. Le commencement d’un conflit entre Bugnet et Féguenne se produit lorsque Bugnet manifeste le désir d’aider à fonder une association canadienne-française comme il en existe alors en Saskatchewan et au Manitoba. Dans son premier article (1924) comme rédacteur, Bugnet propose une telle association et l’article est mal reçu par Féguenne. L’éclatement se produit quand Bugnet refuse malgré l’insistance de Féguenne de publier un article insultant les Chevaliers de Colomb. Bugnet démission au mois de mai 1928.

Féguenne va aussi vivre des moments difficiles avec l’ACFA. Depuis sa fondation le 13 décembre 1925, l’ACFA bénéficie de la publicité de L’Union dont elle avait fait son porte-parole quasi officiel. L’ACFA a ses propres colonnes sur la première page où elle publie gratuitement ses annonces et ses commentaires. L’entente semble d’autant plus ferme que le nouveau rédacteur en chef de L’Union est le secrétaire-général de l’ACFA, Rodolphe Laplante. Ce dernier cherche de plus en plus à mettre L’Union au service de l’ACFA mais Féguenne, pour sa part, devient de plus en plus réticent à l’égard de l’Association. Il veut avoir plein contrôle de son journal et il veut disposer en faveur de quiconque offre le plus d’argent sonnant. Le 18 octobre 1928, le propriétaire publie un article intitulé « Ce que sera L’Union » en première page.

« L’Union étant un journal indépendant, a décidé de devenir feuille d’annonces à partir d’aujourd’hui L’Union ne publiera plus d’articles de fond. Si certaines personnes ou factions désirent exprimer leurs vues, les colonnes leur seront ouvertes à raison de 20 cents la ligne. Nous permettons toutefois aux paroisses de publier leurs nouvelles comme d’habitude si chaque paroisse veut se donner la peine de nous les envoyer. Nous nous réservons le droit d’accepter ou de rejeter les nouvelles.

« Cette décision a été prise à la suite de onze années d’expérience et que nos lecteurs nous le pardonnent, c’est la seule façon de conserver un journal canadien-français qui permettra à tous les partis d’exprimer leurs vues, sans pour cela que le journal en soit rendu responsable. » (TROTTIER, Alice, A., MUNRO, JK., ALLAIRE G., Aspects du passé franco-albertain : témoignages et études, Salon d’histoire de la francophonie albertaine, Edmonton; 1980, p.115)

L’ACFA est donc sans agent de liaison. Dans un premier temps, l’Association favorise l’achat de L’Union. Suite à des pourparlers qui ne mènent à rien, les négociations sont rompues. L’ACFA choisit alors de fonder son propre journal avec l’aide des Oblats et d’un groupe de laïcs influents.
De son côté l’Union se demande quels intérêts poussent l’ACFA à commencer un nouveau journal.

« Sans L’Union et son courageux propriétaire qu’est-ce que les Canadiens-français de l’Alberta auraient fait depuis 1917, date de la fondation de l’Union. C’est l’Union qui a soutenu la cause française en Alberta depuis ce temps, c’est l’Union qui a maintenu l’unité de la race…. » (TROTTIER, Alice, A., MUNRO, JK., ALLAIRE G., Aspects du passé franco-albertain : témoignages et études, Salon d’histoire de la francophonie albertaine, Edmonton; 1980, p. 118)

Bugnet, de son côté fait avec émotion un appel à ses compatriotes en faveur de l’unité.
« Pourquoi mes frères pourquoi êtes-vous désunis? Pour une vétille, une chose enfantine: une dispute privée entre deux personnes, le propriétaire de l’Union et son nouveau directeur. » (L’Union, le 22 novembre 1928 dans TROTTIER, Alice, A., MUNRO, Jk., ALLAIRE G., Aspects du passé franco-albertain : témoignages et études, Salon d’histoire de la francophonie albertaine, Edmonton; 1980)

Le 25 avril 1929, en première page le nouveau journal La Survivance annonce en grandes manchettes que L’Union cesse sa publication. Féguenne a vendu son journal à l’ACFA qui prend contrôle des contrats d’annonces du journal défunt et des abonnements en cours.

« Dans l’espoir de ramener l’union parmi les Albertains de langue française, L’Union se retire….Le journal est supprimé, l’imprimerie subsiste…Et si L’Union meurt, elle meurt du moins dans l’espérance que les nôtres, les catholiques de langue française, sauront profiter de sa mort…demandons à tous de se rallier sans arrière-pensée sous l’étendard de la Survivance. » (L’union le 18 avril 1929 dans LANDRY, Charlotte, Franco-Albertan Newspapers 1898-1982, : A guide, Faculty of Library Science, Research project presented for the degree of M.L.S. Edmonton : Septembre 25, 1984, p. 18)

Le journal L’Union ferme ses portes le 18 avril 1929. Féguenne, par contre, garde l’imprimerie qui devient le Union Printing Co, et qui fait affaire pendant 42 ans. Pendant cette période, Féguenne publie une revue mensuelle intitulée L’Avenir (1931-1936). En décembre 1932, cette publication inclut deux nouveaux titres : »Premier pas » et « Voix de l’éther ». Féguenne est décédé en 1974 à l’âge de 92 ans.

…où trouver le journal L’Union

Un certain nombre de numéros de L’Union ont été numérisés et sont disponibles sur le site de Peel’s Prairie Provinces. Pour ceux qui s’intéresseraient aux numéros originaux des journaux, le Campus Saint-Jean possède les originaux de certains numéros mais la collection est très incomplète et les numéros existants sont très fragiles.

…l’index du journal

Malheureusement il n’existe pas d’index du journal L’Union.

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