Chronologie
De 1888 à 1891
1888
Les Territoires du Nord-Ouest
M. Joseph Royal remplace M. Dewdney comme lieutenant-gouverneur des Territoires.
La nouvelle Assemblée législative des territoires du Nord-Ouest est créée. Cette nouvelle assemblée possède les mêmes pouvoirs législatifs que le précédent conseil des territoires. Les territoires sont divisés en dix-neuf districts électoraux qui envoient vingt-deux députés à la chambre : l’Assiniboia en a onze, l’Alberta six et la Saskatchewan cinq. Seize circonscriptions en élisent un chacune et trois circonscriptions dont celle d’Edmonton, en élisent deux chacune. Trois juges participent aux travaux de cette chambre en qualité d’experts en loi et cinq autres représentants parmi lesquels M. W.-G. Haultain sont constitués conseillers du gouverneur.
Avec le nouveau système, la circonscription de Saint-Albert qui comporte une forte proportion de francophones est éliminée. Aucun représentant canadien-français de la région ne sera élu à l’Assemblée législative des Territoires avant 1891 alors qu’un amendement à l’Acte des Territoires du Nord-Ouest prévoit que le nombre de sièges doit être augmenté à vingt-six. Ce nombre inclut à nouveau la circonscription de Saint-Albert. À l’élection d’octobre 1891, Antonio Prince est élu député de Saint-Albert.
À Saint-Albert, on construit les quartiers de la police (N.W.M.P. ) sur la rue Sainte-Anne, entre les rues Piron et Edmonton. Le premier constable est M. Humbolt, suivi du caporal Boisange, du caporal Cazeau, du constable McGillicuddy et David Joyal. La police montée quitte Saint-Albert en 1896. Le village a ses propres constables, Ouimet et Guertin. Le RCMP s’occupe du village à compter de 1944.
Saint-Albert
Construction d’un nouveau couvent pour les Soeurs grises de Saint-Albert.
Calgary
Le père Leduc convoque tous les Canadiens français à la mission de Calgary dans les premiers jours du mois de juin 1888. De cette réunion naît la Société Saint-Jean-Baptiste de Calgary. Le Dr E.H. Rouleau en est le président.
L’éducation
Edmonton
Le 12 octobre, cinq religieuses de la congrégation des Fidèles compagnes de Jésus arrivent à Edmonton de Calgary après un voyage de quatre jours en charrette. Elles seront les premières institutrices de l’école séparée établie en 1889. Le couvent n’étant pas bâtit, le père Grandin leur cède sa résidence. Le premier édifice construit pour les Oblats n’est qu’un modeste bâtiment de 30 pieds sur 24 à deux étages et pouvant accueillir environ 15 élèves. L’école est rattachée au côté gauche de l’église et a été construite par le frère Bowes. Les premières institutrices sont les soeurs Teresa Coghlan et Anna O’Neil.
En 1894, les enseignantes à l’école séparée sont les soeurs Gertrude Waring, Julia Stack et Teresa Coghlan. En 1939, soeur S. Mckinon (mère Antoinette) vient s’ajouter à l’équipe. En 1939, cette dernière devient la directrice de l’école Grandin.
Le 2 novembre 1888, 23 élèves se présentent à l’école séparée. A Noël de la même année, l’école en regroupe 35. Les religieuses enseignent tous les sujets requis en anglais et en français en plus de la musique, de l’art et de la broderie.
En 1889, lorsque la première école catholique ouvre ses portes à proximité du couvent, les religieuses y donnent des cours réguliers.
1889
Le Canada
A Ottawa, D’Alton McCarthy présente au Parlement canadien une loi visant à abolir l’usage du français dans les Territoires du Nord-Ouest. On en arrive à un compromis inscrit dans l’Acte amendé des Territoires du Nord-Ouest de 1891. Suite à la prochaine élection, l’Assemblée législative des Territoires pourra réglementer ses travaux de même que leur enregistrement et leur publication comme elle l’entend. Les règlements adoptés doivent être rendus publics par proclamation du lieutenant-gouverneur. Cette même loi prévoit que le nombre de sièges passera de 22 à 26. La circonscription de Saint-Albert figure parmi les nouvelles circonscriptions.
1889
Les Territoires du Nord-Ouest
Le 29 octobre 1889, le conseil du gouverneur Royal présidé par M. Haultain donne sa démission. Une espèce de lutte s’ensuit entre le gouverneur qui suit la constitution et l’assem- blée qui manifeste son opposition au rôle sub- ordonné auquel la condamne l’autorité centrale. En mai 1891, une extension de pou- voirs est accordée par Ottawa à l’assemblée ainsi qu’au gouverneur. Celui-ci accorde de lui-même le droit de disposer des fonds publics. Le 31 décembre, M. Haultain redevient premier ministre. Le 25 juin 1892, le gouverne- ment de Haultain est défait mais il ne tarde pas à revenir au pouvoir.
1889
L’Église
Douze religieuses de la congrégation les Fidèles compagnes de Jésus habitent à Edmonton. Leur congrégation a été fondée en France en 1820 par Madame de Bonnault d’Houet et détient une excellente réputation en ce qui a trait à l’enseignement. Elles ont des écoles en France, en Espagne, en Italie et surtout en Angleterre. Elles seront les premières institutrices de l’école séparée établie en 1888 tout près de l’église Saint-Joachim.
Le 6 juin, le père Lestanc organise le premier pèlerinage au lac Sainte-Anne avec 71 pèlerins, presque tous de Saint-Albert. Bientôt beaucoup de gens sont intéressés par ce pèlerinage qui ressemble tant à ceux du Québec. Le 30 juin 1898, Mgr Legal convoque tous les fidèles à se réunir pour le pèlerinage annuel au lac Saint-Anne.
1889
L’éducation
Edmonton
En octobre 1888, les catholiques d’Edmonton ont fait parvenir une pétition au conseil de l’Education à Regina. On veut former le district scolaire catholique séparé No 7, celui de Saint- Joachim. La demande est accordée en 1889 ce qui marque le début de la première école sous la juridiction d’une commission d’école séparée. Georges Roy est élu premier président du conseil scolaire, Luke Kelly, le premier trésorier et Antonio Prince, le premier secrétaire.
Les procès-verbaux des premières assemblées des commissions des écoles mentionnent que l’on demande la somme d’un dollar par mois aux parents non-contribuables. Un rapport financier des débuts montre que le conseil d’administration possède des valeurs réelles évaluées à 8 295 $; les recettes totales de l’année s’élèvent à 1760,69 $ (dont 255,97 $ proviennent des impôts et 184,22 $ des contributions des élèves) et la balance reçue en octrois gouvernementaux.
Pendant une bonne partie de la période allant de 1893 à 1905, le Conseil d’administration a à sa tête, le jeune avocat N.D. Beck qui devient plus tard l’honorable juge Beck. En 1898 et en 1899, J.H. Gariépy et J.H. Picard sont élus commissaires. En 1903, Lucien Dubuc, qui deviendra le juge Dubuc et président de l’ACFA de 1932 à 1934, est nommé secrétaire de la commission scolaire et occupe cette position jusqu’en 1905 alors qu’il est remplacé par le père E. Tessier.
1889
Une personnalité intéressante
Né le 18 février 1857 à Saint-Jean-de-Matha au Québec, Joseph-Henri Picard arrive à Edmonton le 14 juillet 1887. Il a rencontré le père Lacombe à Calgary et celui-ci a éveillé son intérêt pour la région d’Edmonton. Il s’occupe d’abord de construction puis en 1889, il fonde, avec Stanislas LaRue, la maison LaRue et Picard, magasin général qui fournit aux habitants toutes sortes de produits y compris les outils dont se servent les chercheurs d’or du Klondike.
Par la suite, ils ouvrent deux succursales, l’une à Grouard sur le Petit-Lac-des-Esclaves et l’autre dans la région de Rivière-la-Paix. Dans ces régions, ils s’occupent principalement du transport de marchandises par voie d’eau. Ils se rendent vite compte des gros bénéfices que peuvent rapporter le commerce des fourrures et de 1891 à 1899, ils en font une entreprise considérable.
Grâce à ces transactions, LaRue et Picard ouvrent un deuxième magasin à Edmonton, à un emplacement beaucoup plus profitable que le premier. Ils sont à l’angle de l’avenue Jasper et de la 104e rue. On raconte que dans les années 1890, Picard avait obtenu cette propriété par un échange avec Georges Roy, le premier fonctionnaire de la ville. Selon une version de l’histoire Picard aurait dû renoncer à un pardessus pour obtenir la propriété; selon une autre il aurait perdu un pantalon ou un veston et une veste ou encore un complet entier.
De plus, LaRue et Picard s’intéressent à l’immobilier et aux titres fonciers et ils achètent des propriétés chacun pour leur compte à tel point qu’ensemble, ils possèdent un nombre important de propriétés résidentielles et commerciales dans la région d’Edmonton. En 1889, Picard devient l’un des premiers membres du Board of Trade et en 1893, il est élu au deuxième conseil municipal.
En 1907, LaRue et Picard vendent tout le stock de leur magasin général et se retirent à peu près complètement de l’activité commerciale et consacrent la plupart de leur temps à l’immobilier. En 1914, la fortune de Picard est presqu’anéantie.
1889
Une personnalité intéressante
Né le 26 janvier 1846 à Saint-Anselme dans le comté de Dorchester, Georges Roy vient s’établir dans l’Ouest. En 1870, il est à Saint-Boniface où il est nommé premier employé du gouvernement du Manitoba. Il occupe successivement le poste de premier assistant-secrétaire provincial, de 1870 à 1883, et régistrateur, de 1883 à 1885.
Il arrive à Edmonton en septembre 1885 (certaines sources disent 1886) où il devient le premier régistrateur (agent des terres) du district Alberta-nord, poste qu’il occupe pendant 28 ans. En 1889, un autre Canadien français le rejoint au Bureau des terres, Jules Royal, fils de Joseph Royal, le cinquième lieutenant-gouverneur des Territoires du Nord-Ouest.
Il fonde la Société Saint-Jean-Baptiste à Saint-Albert en 1885 et jette les bases de la même société à Edmonton en 1894. Il en est le premier président. En 1889, Georges Roy est élu commissaire des écoles séparées d’Edmonton.
1890
L’église
Mgr Faraud meurt le 26 septembre 1890. Emile Grouard lui succède le 18 octobre avec le titre d’évêque d’Ibora.
Le 19 mars 1890, Mgr Grandin ordonne le premier prêtre né en Alberta, le père Edward Cunningham.
Les Soeurs grises de Saint-Albert aménagent une buanderie dans leur couvent; jusqu’alors, elles faisaient la lessive à même la rivière.
La paroisse Saint-Joachim d’Edmonton
Le père Léon Fouquet, un vétéran des missions de la Colombie-Britannique, est nommé curé de Saint-Joachim. Il y sera curé jusqu’en juillet 1894.
1890
Calgary
Le 12 février 1890, il y a une assemblée pour protester contre l’enseignement du français dans les écoles et contre l’emploi de cette langue dans les actes officiels du gouvernement du pays. En réponse à ces attaques, les Canadiens français de Calgary jugent bon de s’affirmer en célébrant la Saint-Jean-Baptiste avec un enthousiasme inconnu jusque-là.
1891
Les Territoires du Nord-Ouest
Les lois
En 1891, l’Assemblée territoriale modifie l’article 110 de la loi des Territoires du Nord-Ouest de manière à ce qu’elle dise :
« Toute personne pourra faire usage soit de la langue anglaise, soit de la langue française, dans les débats de l’Assemblée législative des territoires, ainsi que dans les procédures devant les cours de justice; et ces deux langues seront employées pour la rédaction des procès-verbaux et journaux de l’Assemblée; et toutes les ordonnances rendues sous l’empire du présent acte seront imprimées dans ces deux langues; néanmoins, après la prochaine élection générale de l’Assemblée législative, cette Assemblée pourra, par ordonnance ou autrement, réglementer ses délibérations et la manière d’en tenir procès-verbal et de les publier; et les règlements ainsi faits seront incorporés dans une proclamation qui sera immédiate- ment promulguée et publiée par le lieutenant-gouverneur en conformité de la loi, et ils auront ensuite plein effet et vigueur.
1891
Edmonton
Edmonton reçoit l’électricité pour la première fois.
Le Canadian Pacific Railway bâtit une voie ferrée vers le nord.
Le chemin de fer qui relie Edmonton à Calgary s’arrête à Strathcona, une communauté séparée de 505 habitants. Le chemin de fer ne traversera pas la Saskatchewan-Nord ce qui fera naître une certaine rivalité entre Edmonton et Strathcona. Pour traverser la rivière Saskatchewan et se rendre à Edmonton, il faut utiliser le traversier de John Walter. Les travaux ont commencé le 30 juillet 1890.
Avec l’arrivée du chemin de fer à Strathcona, le mouvement de colonisation du pays fait d’Edmonton l’emporium du Nord. De nouvelles vagues d’immigrants de toutes nationalités, cultures et religions arrivent à Edmonton.
1891
L’Église
La colonisation
Le diocèse de Saint-Albert est divisé et donne naissance au vicariat de Prince-Albert. Le père Albert Pascal est mis à la tête de la nouvelle division ecclésiastique et nommé évêque de Mosynopolis et vicaire apostolique de Prince-Albert.
En avril, le premier groupe de colons de l’abbé Morin, 56 personnes dont 39 adultes, arrive à Saint-Albert et est accueilli par les Oblats et les Soeurs grises. Ce premier groupe s’établit dans la région de Morinville. Dans les années subséquentes, d’autres groupes s’installent dans les régions de Legal, Beaumont et Rivière-qui-Barre. En 1891 et 1899, l’abbé Morin réussit à amener 620 familles (2 479 personnes) à Edmonton et dans les huit colonies françaises des environs. Ces familles viennent de la France (20 familles), de la Belgique (20 familles), de la Suisse (7 familles), du Québec (120 familles), de l’Ontario (55 familles), du Manitoba (15 familles), de la Colombie- Britannique (17 familles), des Territoires du Nord-Ouest (35 familles), des états de la Nouvelle-Angleterre (117 familles) et de d’autres états américains (214 familles).
Originaires de Nicolet, les Soeurs de l’Assomption sont venues prêter main-forte aux Oblats dans les missions indiennes. Parmi leurs premiers champs d’apostolat il y a Saint-Paul-des-Métis. Plus tard ce sera Saint-Vincent (1929), Bonnyville (1938), LaCorey (1941), Mallaig (1941), Therien (1941), Saint-Edouard (1953), Brosseau (1954), la paroisse Immaculée-Conception d’Edmonton (1925), l’Académie Assomption d’Edmonton (1926), la paroisse Saint-Joachim d’Edmonton (1946-1981) et la paroisse Sainte-Anne d’Edmonton (1954-1972).